Un peu de romance svp! by Sandra Lane

Auteur:Sandra Lane [Lane, Sandra]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Québécois, Chick Lit
Éditeur: LER (Les Éditeurs réunis)
Publié: 2013-01-01T05:00:00+00:00

13

La brise fraîche qui soufflait sur le parc Maisonneuve me revigorait le corps et l’esprit. À cette heure tardive, l’endroit était calme. Ici, dans cette obscurité enveloppante, je me sentais bien plus zen que je ne pourrais jamais l’être dans un cours de yoga. Je marchais doucement le long de la piste cyclable. Sur ma gauche, quelques bosquets de graminées frétillaient sous le vent léger. À ma droite, les grands arbres, feuillus et majestueux, s’élevaient jusqu’à toucher le ciel. J’ai croisé une femme et un homme enlacés qui avançaient à pas lents comme si pour eux le temps n’avait plus d’emprise, comme s’il s’était arrêté pour leur permettre de vivre pleinement leur amour. Dans leur démarche presque lascive et leurs gestes indolents, je devinais, malgré la pénombre, mille et une promesses qu’ils tiendraient ou ne tiendraient pas.

Ce soir, il ne faisait ni froid ni chaud, mais après avoir passé près d’une heure dans une salle chauffée à trente-huit degrés, je jugeais plutôt frais l’air de cette soirée d’été. Après être revenue à moi, dans le hall de l’école de yoga, j’avais trouvé presque toutes les filles du cours massées autour de moi. J’entendais comme en écho la voix de César qui leur demandait de s’éloigner pour que je puisse respirer. Ces femmes éblouissantes qui m’avaient vue évanouie dans les bras de César Laurin, qu’allaient-elles s’imaginer ? Que j’étais incapable d’être face à une vedette sans tomber dans les pommes ou que les hommes charismatiques me faisaient tourner de l’œil ? Wow ! C’en était fait pour mon orgueil. Puis, après tout, je n’avais plus grand-chose à préserver. Avec César, je ne cessais d’accumuler les gaffes et les situations embarrassantes. Devant lui, je m’enfargeais continuellement dans les fleurs du tapis.

— César, avait ordonné Valérie, tu ramènes ta copine chez elle, elle est vraiment mal en point.

— Mais…

— Sabrina m’accompagnera à mon rendez-vous, avait coupé avec fermeté la jolie animatrice. Sabrina, avait-elle ajouté en se tournant vers ma cousine, alors que celle-ci m’aidait à me relever, va me réserver une douche avant que tout le monde ne se rue vers le vestiaire. J’espère que tu as de quoi te changer, car toi et moi, on sort ce soir.

Non mais cette Valérie Larochelle ! Elle semblait née pour commander. Je n’avais pas rouspété et j’avais remis les clés de ma voiture à ma cousine, sachant bien que je n’étais pas en état de conduire, puis j’avais laissé César me ramener chez ma grand-mère. Je me sentais si ridicule, près de lui, dans cet état de faiblesse extrême. En entrant dans la maison, je m’étais élancée dans l’escalier, mais j’avais dû rapidement stopper ma course et monter les marches lentement, j’étais encore tout étourdie par ce coup de chaleur qui m’avait fait perdre connaissance.

Sur le palier, j’avais levé les yeux au plafond et hésité quelques secondes devant la trappe. J’avais bien envie de retourner me cacher au grenier, mais j’avais le corps déjà bien trop courbaturé pour réussir à me hisser là-haut. J’avais donc opté pour la salle de bains où une douche fraîche fut salutaire.

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